En été, les pollinisateurs sont visibles partout autour de nous. Souvent pour notre plus grand bonheur, et parfois même pour nous agacer un peu quand ils viennent tourner autour de notre nourriture. Pourtant dès que l’hiver pointe le bout de son nez, ils disparaissent de nos radars et laissent place à un grand silence, avant de revenir dès le printemps suivant. Mais alors, où vont-ils?
Alors que nous nous emmitouflons dans nos plus chaudes tenues, les pollinisateurs usent d’adaptations ingénieuses pour faire face au froid et à l’absence de ressources nourricières. En voici quelques exemples.
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Les différentes techniques des pollinisateurs
Tout quitter pour partir en voyage vers le soleil et la chaleur
On parle souvent des oiseaux migrateurs mais ils ne sont pas les seuls à utiliser cette technique pour braver le froid. L’un des exemples les plus emblématiques chez les insectes pollinisateurs est le papillon monarque.
Pour passer l’hiver, les papillons monarques migrent chaque année vers le Mexique et entament ainsi un grand voyage de plus de 4 000 kilomètres puisqu’ils partent du Canada et des régions du nord-est des États-Unis. Le papillon monarque est loin d’être la seule espèce à courir le monde, la belle-dame ou le vulcain sont deux autres exemples de papillons voyageurs.
Saviez-vous que…
Il faut cinq générations de papillons monarques pour mener à bien ce long périple et se sont au total, entre 100 à 200 millions de papillons qui se déplacent sur une distance de 120 km par jour.
Imiter la belle au bois dormant
Il s’agit sans aucun doute de la stratégie la plus populaire chez nos amis les insectes: dormir tout l’hiver. Dès que les premiers froids pointent le bout du nez, certains insectes partent faire une sieste qui durera tout l’hiver!
Tout comme il existe l’hibernation pour les ours, ces insectes entrent dans un état que l’on nomme diapause et qui se définit comme un arrêt temporaire des activités et du développement de l’organisme.
Un cas extrême bien connu est celui d’un papillon de nuit (Gynaephora groenlandica), dont la chenille, connue sous le nom d’ours laineux de l’Arctique, est capable de survivre à des températures allant jusqu’à -60° C. Elle gèle tout l’hiver, devient dure comme la pierre et se réveille tranquillement au printemps.
Compter sur les générations suivantes pour survivre à l’hiver
Les insectes peuvent passer l’hiver sous différentes formes, lesquelles diffèrent selon les étapes de leur cycle de vie: œuf, larve, nymphe ou adulte. Pour certains insectes, les propriétés biologiques que leur confère l’âge adulte ne leur permet pas de résister au grand froid. À l’automne, ils pondent alors des œufs en lieu sûr (sous des feuilles mortes, dans des écorces, dans des constructions humaines) avant de mourir. Les œufs ont alors pour mission de résister aux grands froids avant d’éclore sous forme de larves à l’arrivée du printemps et des premières chaleurs. On pense par exemple aux sauterelles, mais c’est une stratégie des plus répandues chez les insectes.
S’enfouir dans le sol, trouver un abri ou s’inviter dans les constructions faites par l’humain
Certains insectes hibernent dans le sol, à une profondeur suffisante pour les mettre à l’abri du gel. C’est le cas des bourdons, qui s‘abritent dans un terrier en s’enfouissant dans le sol à une profondeur allant de 5 à 20 cm. Seules les futures reines fécondées passent l’hiver, en vivant au ralenti dans ces cavités grâce à leurs réserves jusqu’au printemps suivant. Le reste de la colonie meurt à l’automne, dès les premiers gels.
D’autres insectes pollinisateurs vont s’approprier des abris à base de matériaux naturels pour passer l’hiver. Plusieurs abeilles, surtout les abeilles maçonnes et tapissières, passent ainsi la saison des grands froids dans des tiges creuses.
Les constructions faites par l’homme représentent une alternative bien plus alléchante pour certaines espèces. C’est le cas des abeilles domestiques qui profitent des ruches qu’on leur fabrique. D’autres insectes ont des goûts plus luxueux puisqu’ils s’invitent directement dans nos maisons pendant tout l’hiver profitant ainsi d’un intérieur chauffé. La coccinelle asiatique (Harmonia axyridis) est une grande fervente de cette pratique.
Même si ce n’est pas un insecte pollinisateur, la puce des neiges mérite d’être connue pour son adaptation hors du commun…
L’une des adaptations les plus impressionnantes est celle des puces de neige. Certes, ce ne sont pas des insectes pollinisateurs, mais leur technique pour braver le froid est tellement impressionnante qu’il est intéressant de la mentionner. En effet, l’organisme de ces arthropodes est capable de créer de l’antigel à base de glycérol1. Armés de cet antigel, il leur est permis de vivre leur quotidien dans des conditions extrêmes.
Ce qu’il faut retenir
L’hiver est une période difficile pour les pollinisateurs et leur survie. Rappelez-vous que les insectes pollinisateurs ont développé 3 principales méthodes pour passer l’hiver:
- La migration vers des régions plus chaudes
- L’hibernation (diapause) sous terre ou dans un abri
- La ponte d’oeuf avant de mourir
N’oublions pas que quelques rares arthropodes continuent de vivre leur vie sans grands changements en hiver.
Comment pouvons-nous aider les pollinisateurs à passer l’hiver plus sereinement ?
Invitez les pollinisateurs dans votre cours
Afin d’aider les insectes pollinisateurs à surmonter l’hiver, vous pouvez mettre en place quelques habitudes simples et efficaces qui leur permettront de trouver refuge et d’hiberner. Si vous avez un jardin, ne coupez pas les branches mortes des plantes à l’automne, elles pourraient servir d’abris. Vous pouvez également garder un bout de terrain intact en y laissant s’accumuler les feuilles mortes par exemple.
Psitt! Au printemps, prenez votre temps!
Attendez qu’il fasse une météo stable, avec au moins 3 jours consécutifs de températures allant au-dessus de 10°C avant de tailler les tiges de vivaces de votre jardin. En effet, les abeilles charpentières nichent dans les branches creuses pendant tout l’hiver et n’en sortent que lorsque les températures le leur permettent.
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1Le glycérol est une molécule qui empêche la création de cristaux de glace. Cette molécule en remplace l’eau qui se trouve dans et autour des cellules.