Si vous avez fréquenté les aménagements de Polliflora cet été, il est fort possible que vous soyez tombé sur une intrigante ligne de bols colorés. Si c’est le cas, vous avez eu la chance d’être témoin d’un projet phare de notre tout nouveau volet Recherche et Développement.
En effet, en collaboration avec l’Insectarium de Montréal, nous avons procédé à un inventaire des pollinisateurs à l’aide de pièges-bols dans plusieurs de nos différents projets.
Temps de lecture : 3 minutes
Pourquoi ?
L’objectif est de mieux comprendre les besoins des pollinisateurs, en obtenant des données sur leur abondance et leur diversité dans nos différents aménagements. En comparant nos résultats, nous pourrons identifier quelles pratiques horticoles sont bénéfiques pour la biodiversité, et quels autres facteurs environnementaux la favorisent. Les études scientifiques sur la question sont limitées, alors nous avons décidé d’y contribuer nous-même !
La recherche, qui s’étalera sur plusieurs années et permettra aussi de suivre l’évolution des communautés de pollinisateurs dans nos jardins à mesure que ceux-ci se développent.
Comment ça marche ?
Le projet se base sur le protocole d’Abeilles citoyennes, qui utilise des bols – des pièges-bols – placés au sol. Plus précisément, on utilise neuf bols disposés en alternance de couleur à chaque site. Ils sont bleus, blancs et jaunes, des couleurs attrayantes pour les abeilles, et sont ornés d’une étoile de trois lignes noires au fond du bol afin d’imiter une fleur (en tout cas à leurs yeux !). Il n’en faut pas plus pour créer une illusion parfaite pour les pollinisateurs.
On remplit les bols d’eau et on ajoute quelques gouttes de savon à vaisselle, ce qui permet de briser la tension de surface et de faire couler les insectes qui se posent sur l’eau.
Après 24 h, les bols sont collectés et les insectes sont transférés dans des fioles d’alcool. Ce processus a été répété une fois par mois à chacun des 12 sites étudiés, de mai à octobre.
Un piège fatal
Il peut paraître contradictoire d’avoir comme mission la protection des pollinisateurs, et d’en tuer. C’est toutefois essentiel pour nous permettre de les étudier. D’ailleurs, les insectes sont très prolifiques et les quelques individus capturés n’auront pas d’effet sur leur population globale, contrairement aux nombreuses autres menaces qui pèsent sur eux comme la perte d’habitat (source : 1).
Il faut également savoir que l’étude des insectes en est encore à ses débuts. Il reste beaucoup de travail à faire ; un peu plus d’un million d’espèces d’insectes ont été identifiées mondialement jusqu’à présent, alors qu’on estime le nombre total d’espèces à environ dix millions (source : 2). Il est donc crucial d’avoir des spécimens qu’on peut étudier et comparer en détail.
La capture d’insectes permet aussi de créer des collections entomologiques. Elles peuvent servir à la sensibilisation aux pollinisateurs (notamment via notre volet éducation), mais aussi comme références pour suivre l’évolution des populations, surtout à mesure que la science se perfectionne. Plusieurs recherches comparent les spécimens d’aujourd’hui à ceux collectés dans le passé, et il est probable que des études futures utiliseront les spécimens collectés aujourd’hui.
Définition Entomologie : Partie de la zoologie qui traite des insectes et, par extension, des autres arthropodes terrestres. |
Les prochaines étapes
Les échantillons sont ensuite amenés à l’Insectarium, où ils sont scrutés au binoculaire. Puisqu’il y a toutes sortes d’insectes qui tombent dans nos bols, nous trions d’abord les spécimens selon leur ordre taxonomique, puis nous effectuons un décompte.
Définition Taxonomique : Science des lois de la classification. |
Nous souhaitons nous concentrer sur les pollinisateurs, alors les abeilles et guêpes (ordre des hyménoptères), ainsi que les syrphes (ordre des diptères) sont mis de côté pour être épinglés et identifiés avec plus de précision par la suite.
Qu’est-ce qu’un hyménoptère ? On classe dans l’ordre d’hyménoptère les abeilles et les guêpes, mais aussi les fourmis. Saviez-vous qu’il existe des hyménoptères qui ne mesurent que quelques millimètres ! Ce sont principalement des guêpes parasitoïdes qui pondent leurs œufs directement dans le corps d’autres insectes et arthropodes. Nous en avons trouvé plusieurs dans nos échantillons ! |
Une étude de longue haleine
Pour suivre les avancées de cette recherche (et de nos autres projets), abonnez-vous à l’infolettre et suivez-nous sur les réseaux sociaux !
Ce projet de recherche est financé par le gouvernement du Canada sous le Fonds de relance des services communautaires (FRSC).
Sources pour cet article :