Où nichent les pollinisateurs ?

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Les pollinisateurs sont bien plus diversifiés que les seules abeilles à miel.

Saviez-vous qu’il existe plus de 350 espèces d’abeilles indigènes au Québec, et que la plupart ont besoin d’un environnement naturel pour faire leur nid ? On doit également prendre en compte bien entendu les papillons, mais aussi les différents coléoptères, les guêpes et les mouches qui contribuent tous à la pollinisation de nos fleurs et à la santé de l’écosystème.

Quatre endroits où trouver des abeilles

Les abeilles indigènes vivent souvent parmi nous, sous notre nez. Même si on ne les remarque pas, elles habitent ou visitent nos jardins et pollinisent sans relâche.

Les colonies enfouies

Vous connaissez probablement au moins une sorte d’abeille indigène ; une large abeille poilue à rayures jaunes, noires ou orangées : bah oui, le bourdon ! 

Bourdon fébrile

Comme l’abeille à miel, les bourdons vivent en colonie composée d’une reine et d’ouvrières. 

Leur nid, un amas de petits pots de cire remplis de nectar, de pollen ou des jeunes bourdons, se cache dans des petits espaces couverts : souvent dans des terriers de rongeurs abandonnés, sous une souche ou un tas de pierres.

Le sol

La plupart des abeilles indigènes au Québec sont cependant solitaires : pas de reine et d’ouvrières ici, chaque femelle fonde son propre nid, qu’elle alimente seule. 

Une partie d’entre elles creusent elles-mêmes leur nid dans le sol. Elles ont besoin d’un sol meuble et bien drainé, bien ensoleillé et sans trop de végétation. Par exemple, on retrouve certaines espèces presque exclusivement sur les pentes de ruisseaux ou dans des monticules de sable. 

Même si elles sont solitaires, certaines abeilles comme des agapostémons ou des mégachiles forment des sortes de quartiers résidentiels lorsque les sites sont particulièrement hospitaliers. Elles nichent alors toutes dans leur propre nid individuel, mais les unes à côté des autres, totalisant parfois des dizaines de terriers dans le même mètre carré !

Les tiges creuses et les cavités

D’autres abeilles solitaires vont se loger à l’intérieur de tiges creuses de l’année précédente. Des tiges mortes de sorbiers, de framboisiers ou de monardes offrent des habitats de choix si elles sont coupées à l’automne à quelques pieds au-dessus du sol et laissées intactes pour la saison suivante.

Parfois, c’est dans de petites cavités dans le bois ou dans la brique que les abeilles solitaires font leur nid. C’est pour cette raison que l’on inclut des pièces de bois naturelles dans nos aménagements : les pollinisateurs pourront s’établir dans des trous déjà existants ou creusés l’été dernier par d’autres insectes.

Quand une abeille s’installe dans une tige ou une cavité, elle construit habituellement plusieurs pièces l’une à la suite de l’autre, du fond jusqu’à l’entrée. Différentes abeilles utilisent différents matériaux pour séparer chaque pièce : du bois mâché, de la boue, de la résine ou même des feuilles. Dans chacune des pièces, l’abeille pond un œuf et prépare une boule de pollen, qui va nourrir le poupon jusqu’à ce qu’il devienne adulte et émerge durant l’année suivante. 

Les nids d’autres abeilles

Finalement, certaines abeilles préfèrent chanter tout l’été et profiter du pollen butiné par les autres. On appelle ces espèces des abeilles-coucous, en référence au coucou, cet oiseau qui pond ses œufs dans les nids d’autres espèces et laisse les parents d’adoption s’en occuper. 

Les abeilles-coucous comme les psithyres, les nomadas ou les sphécodes visitent donc des nids déjà établis pour y pondre leurs propres œufs, au détriment des abeilles qui s’y trouvaient déjà.

Bien que les abeilles-coucous parasitent d’autres abeilles, elles demeurent une partie importante de la biodiversité des pollinisateurs. En effet, elles pollinisent les fleurs en s’abreuvant de nectar et contribuent à l’équilibre des populations d’insectes. 

Il faut tout de sorte de monde pour faire un écosystème ! 

Être de bons hôtes pour les papillons

Contrairement aux larves d’abeilles, les chenilles de papillons ne sont pas nourries et logées par leurs parents : elles éclosent simplement sur des plantes hôtes comestibles et en dévorent les feuilles. Pour assurer leur présence et leur survie, il faut qu’elles puissent trouver la bonne plante hôte.

Les monarques et les asclépiades

Vous avez déjà entendu parler du papillon monarque : ce majestueux papillon indigène orange et noir dont la chenille ne se nourrit que de feuilles d’asclépiades. Bien que les chenilles puissent manger toutes les espèces d’asclépiades, elles préfèrent des espèces indigènes au Québec comme l’asclépiade commune et l’asclépiade incarnate

Une diversité de plantes pour une diversité de papillons

D’autres espèces de papillons comptent sur la présence de plantes hôtes spécifiques pour se reproduire. Par exemple, la chenille du papillon du céleri mange certaines espèces d’ombellifères, dont le céleri, le panais et le fenouil. Quant à elle, la chenille de la coliade du trèfle consomme, on l’aura deviné… des plantes de la famille du trèfle, comme la luzerne, le mélilot ou le lupin.

Puisque différents papillons se reproduisent grâce à différentes plantes hôtes, la meilleure façon de protéger leur biodiversité est de s’assurer de planter des jardins diversifiés, avec des plantes indigènes provenant d’une variété de familles botaniques.

Les pollinisateurs carnivores

Ce ne sont pas tous les pollinisateurs qui, à l’instar des abeilles ou les papillons, sont végétariens. 

Les guêpes solitaires prédatrices

Comme les abeilles, beaucoup de guêpes solitaires pondent leurs œufs dans le sol, les tiges creuses ou les cavités du bois.

Bien que les adultes butinent souvent des fleurs pour consommer du nectar et du pollen pour eux-mêmes, ils remplissent leur nid de diverses proies, allant des grillons aux araignées, pour le plus grand plaisir gastronomique de leur couvée.

Les mouches syrphes

Les syrphes sont des mouches spécialisées dans la pollinisation. Pour éviter de se faire prendre en chasse par les prédateurs, la plupart des syrphes ont évolué pour ressembler à des abeilles. Les oiseaux, voyant les rayures jaunes et noires de ces mouches mimétiques, préfèrent donc les laisser tranquilles.

Alors que les syrphes adultes butinent, leurs larves consomment plutôt des petits insectes comme des pucerons. Les œufs sont pondus à proximité des colonies de pucerons, que les larves se mettent à chasser dès leur éclosion. Elles constituent alors des agents de lutte biologique efficaces dans certaines cultures, protégeant nos légumes contre les pucerons et les maladies qu’ils apportent.

Syrphe des Narcisses

Les guêpes parasitoïdes

Les guêpes parasitoïdes forment un autre groupe de pollinisateurs utiles pour le contrôle des insectes indésirables. 

Les adultes, plutôt qu’offrir des proies mortes ou paralysées à leur couvée, pondent directement leurs œufs… à l’intérieur d’autres insectes. Puisque chaque guêpe parasitoïde s’attaque à un groupe d’insectes très spécifique, elles constituent des agents de lutte biologique très efficaces, précis et appréciés des agriculteurs.

Les habitats qui les favorisent

Pour soutenir la biodiversité des pollinisateurs carnivores, l’objectif est de créer un habitat suffisamment varié pour accueillir une grande diversité de proies, en proposant des assemblages végétaux de qualité et des micro-habitats diversifiés.

Une solution au déclin des pollinisateurs

Afin de permettre le maintien d’une biodiversité de pollinisateurs en ville, Polliflora s’engage à créer des aménagements qui incluent une variété d’habitats se rapprochant le plus possible des milieux naturels auxquels ces insectes sont adaptés. Nos jardins contribuent à freiner le déclin des insectes pollinisateurs et à sauvegarder ces joyaux de la biodiversité dans nos milieux urbains.

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Photos : Charles-Olivier Bourque et Manoushka Larouche

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