Les « mauvaises herbes » ont la vie dure! 

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La beauté est souvent façonnée par des normes sociales et des idéaux préconçus, comme celui du « gazon vert parfait ». Pourtant, il est temps de sortir de ce paradigme et d’embrasser la beauté « sauvage » et diversifiée qui nous entoure. 

Voici quelques exemples de plantes qui sont encore mal vues dans l’univers collectif et que l’on qualifie de « mauvaises herbes » mais qui offrent pourtant des bienfaits insoupçonnés.

Temps de lecture: 3 minutes.

Qu’est-ce qu’une mauvaise herbe? 

Cet article a pour but de déconstruire les préjugés à propos de certaines espèces de plantes qu’on retrouve au Québec considérer comme “mauvaises herbes” et parfois même “invasives” ou “envahissantes” à tort. Avant toute chose, il est important de mieux connaître le vocabulaire pour décrire ces plantes.

Quelle est la différence entre une espèce indigène, exotique ou naturalisée? 

Vous êtes-vous déjà demandé si une plante était indigène, introduite, exotique ou encore naturalisée? Pas facile de démêler tout ça! 

Indigène

Une plante est considérée comme indigène lorsqu’elle pousse naturellement dans une région où elle a évolué, sans intervention humaine. C’est le cas de l’érable à sucre (Acer saccharum), qui est un arbre indigène au Québec1.

Exotique

Une plante exotique est une espèce exogène (qui vient de l’extérieur) introduite, par erreur ou volontairement, dans un écosystème qui n’est pas son milieu d’origine. C’est le cas de l’érable de Norvège (Acer platanoides) qui vient d’Europe2.

Naturalisée

Lorsqu’une plante exotique réussit à se reproduire naturellement (par la production de semences sans intervention humaine) et à s’établir dans son nouvel environnement, on parle alors d’espèce naturalisée. C’est le cas du pissenlit officinal (Taraxacum officinale)3.

Qu’est-ce qu’une espèce invasive ou envahissante?

On qualifie une espèce invasive ou envahissante, une plante exotique qui se répand et qui nuit à la biodiversité locale en modifiant la composition, la structure et le fonctionnement des écosystèmes naturels dans lesquels elle se propage. C’est le cas de l’érable de Norvège (Acer platanoides)4. Cela peut également être une espèce indigène (locale) ayant un fort pouvoir de colonisation avec une croissance et reproduction très rapides. C’est le cas de la monarde écarlate (Monarda didyma). 

Indigène, exotique, naturalisé, invasif, envahissant…
Notons que l’usage de ces termes peut être de toutes natures écologiques et biologiques : plante , animal, champignon ou des micro-organismes tels que les bactéries ou virus.

Mais alors qu’est-ce qu’une “mauvaise herbe”?

Le terme “mauvaise herbe” n’a pas de définition scientifique propre. C’est une expression fourre-tout qui regroupe les plantes que l’humain (dans son univers collectif) considère comme indésirable à tort ou à raison dans certains cas. 

Une plante inesthétique, une plante qui prend trop de place, une plante qui pousse au mauvais endroit, une plante qui ne fleurit pas… les raisons de cette catégorisation sont nombreuses, diverses et bien souvent subjectives car elles ne tiennent pas compte des caractéristiques biologiques de ces plantes “indésirables”.

Les défenseurs des « mauvaises herbes » citent souvent cette citation du philosophe américain Ralph Waldo Emerson : « Qu’est-ce qu’une mauvaise herbe ? Une plante dont on n’a pas encore découvert les vertus. »5

Polliflora vous présente 5 exemples concrets de plantes considérées comme “mauvaises herbes” à tort ici au Québec.

5 “mauvaises herbes” aux bienfaits méconnus

Le pissenlit (Taraxacum)

Le pissenlit est une petite plante vivace, très rustique, de la famille des Astéracées (Asteraceae). Il joue un rôle écologique de premier plan. Cette fleur donne vers le commencement de mai une des premières miellées notables du printemps, fournissant abondamment aux abeilles nectar et pollen. Il nourrit également plusieurs petits mammifères. Cette plante a aussi plus d’une vertus médicinales à son arc! 

Pissenlit (Taraxacum officinale)
Pissenlit (Taraxacum officinale)
Crédit: Greg Hume via Wikimedia Commons

La chicorée sauvage (Cichorium intybus)

La chicorée sauvage est une vivace herbacée de grande taille produisant une multitude de fleurs bleues sur une longue période. Le bleu est parmi les plus rares des couleurs florales6 et attire plus facilement les abeilles, les papillons et les autres pollinisateurs. La chicorée sauvage possède également des propriétés médicinales reconnues. 

Chicorée sauvage (Cichorium intybus)
Chicorée sauvage (Cichorium intybus)
Crédit: Florian Pépellin via Wikimedia Commons

Le trèfle commun (Trifolium sp.)

Le trèfle commun est une plante intéressante pour la biodiversité! Plante vivace mellifère, ses fleurs sont une source de nectar et de pollen importante pour les abeilles et autres pollinisateurs. Par ses propriétés biologiques, cette plante permet également d’améliorer la qualité du sol puisqu’elle l’enrichit en nutriments. Le trèfle commun peut également être utilisé pour ses propriétés médicinales.

Le trèfle commun (Trifolium sp.)
Le trèfle commun (Trifolium sp.)
Crédit: Zeynel Cebeci via Wikimedia Commons

L’asclépiade (Asclepias sp.)

L’asclépiade est une plante vivace indigène. C’est une plante odorante qui attire la faune: papillons, colibris et autres pollinisateurs. Considérée comme une mauvaise herbe, l’asclépiade joue pourtant un rôle essentiel à la survie des papillons monarques, une espèce menacée d’extinction.

L’asclépiade (Asclepias sp.)
L’asclépiade (Asclepias sp.)
Crédit: Photo by and (c)2007 Derek Ramsey (Ram-Man) via Wikimedia Commons

La menthe sauvage (Mentha canadensis)

La menthe du Canada est la seule menthe indigène d’Amérique du Nord et fait le bonheur des pollinisateurs car elle est une excellente source de nectar. En plus d’être comestible et de posséder de nombreuses vertus médicinales, cette plante est donc un allié dans vos jardins, d’autant plus si vous la laissez fleurir!

Menthe sauvage (Mentha canadensis)
Menthe sauvage (Mentha canadensis)
Crédit: Charles de Mille-Isles via Wikimedia Commons

À vous de jouer pour reconnaître les “mauvaises herbes” qui peuvent constituer de bonnes sources de nourriture pour les pollinisateurs!  

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1https://espacepourlavie.ca/indigene-exotique-naturalisee-ou-envahissante
2 https://espacepourlavie.ca/indigene-exotique-naturalisee-ou-envahissante
3https://espacepourlavie.ca/indigene-exotique-naturalisee-ou-envahissante
4https://espacepourlavie.ca/indigene-exotique-naturalisee-ou-envahissante
5https://www.lapresse.ca/maison/cour-et-jardin/2022-08-06/mauvaises-herbes-vraiment.php
6 « Le bleu est parmi les plus rares des couleurs florales […] et c’est probablement à cause de la complexité chimique impliquée dans sa production, car les abeilles, les papillons et les autres pollinisateurs distinguent très bien le bleu et visitent facilement les rares plantes qui produisent des fleurs bleues. » dans https://jardinierparesseux.com/2017/08/29/34161/?fbclid=IwAR2PuMAQeFNjM2gzHS69wR45ApS9oLd_i_ivicXhsbKMq8IjUI0XSRlXDhM

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Photos : Charles-Olivier Bourque et Manoushka Larouche

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