Et si votre jardin pouvait aider à prévenir les inondations en ville ?
Grâce aux jardins de pluie, il est possible de transformer l’eau de ruissellement en ressource, tout en embellissant l’espace et en soutenant la biodiversité.
Découvrez comment ces aménagements ingénieux peuvent rendre nos villes plus résilientes !
Temps de lecture : 5 minutes
Une solution verte pour un meilleur contrôle des eaux
Les jardins urbains peuvent avoir bien plus d’attraits que simplement être jolis – mais on le savait déjà, non?

Par exemple, un jardin mellifère peut être très bénéfique pour les pollinisateurs en leur fournissant un garde-manger et une maison tout au long de l’année. Mais ce n’est pas tout : l’esthétisme et la biodiversité ne sont pas les seuls bienfaits qu’un espace vert peut apporter. Les espaces verts fournissent aussi un service écosystémique bien précis, intégré à son environnement : la régulation des cycles de l’eau, qui permet de réduire les inondations.
On le voit de plus en plus, les milieux urbains ont du mal à composer avec les grandes tempêtes. Les pluies soudaines et intenses s’abattent sur l’asphalte et s’engouffrent toutes entières dans les égouts, qui finissent par refouler : c’est l’inondation. Même si c’est un phénomène qui prend de l’ampleur à cause des changements climatiques, qui augmentent la fréquence et l’intensité des évènements météorologiques extrêmes, les inondations sont aussi le fruit de notre façon de construire nos villes très minéralisées. La gestion des précipitations est compliquée quand on s’entoure surtout de béton et d’asphalte!

Les infrastructures bleues-vertes de gestion de l’eau de pluie, qui incluent les jardins de pluie, sont des aménagements qui percent une brèche dans cette façon de faire, en recevant les précipitations des rues et des toîts pour les accueillir dans le sol tout en les purifiant au passage, réduisant ainsi la pression sur les systèmes de collecte des eaux usées.
Comment ça marche?
Dans les environnements naturels, le cycle de l’eau suit son cours : la pluie tombée au sol va ruisseler, selon le relief, jusqu’à trouver une rivière ou un lac. Cependant, une partie de l’eau qui emprunte ce chemin va s’enfoncer dans le sol au passage, alimentant les rivières souterraines et la nappe phréatique : c’est le phénomène de l’infiltration.
En ville, les surfaces imperméables comme le béton, l’asphalte, mais aussi les bâtiments, vont empêcher l’eau de s’infiltrer dans le sol. L’eau va donc s’accumuler en ruisselant, sans pouvoir s’échapper naturellement, atteignant parfois de forts débits et de grands volumes.
Pour rétablir le cycle naturel de l’eau, il ne suffit pas d’offrir un accès au sol, il faut également rediriger l’eau qui s’écoule des toits et des rues vers l’aménagement approprié, ralentir le ruissellement pour lui laisser le temps de s’infiltrer et s’assurer que le sol ait la bonne texture pour laisser passer l’eau. Tout cela est le rôle des infrastructures bleues-vertes.
Les différents types d’infrastructures bleues-vertes
Plusieurs aménagements peuvent permettre la gestion de l’infiltration en ville, selon l’espace et les ressources disponibles.

Le marais filtrant est un écosystème complet que l’on reproduit à un endroit stratégique. Il occupe beaucoup d’espace, mais permet d’emmagasiner énormément d’eau et de l’assainir lentement grâce à sa flore de milieux humides aux racines expansives.

La cellule de biorétention est aussi un aménagement d’envergure qui peut servir de réservoir pour les grandes précipitations. Inondée seulement lorsque nécessaire, sa force est d’infiltrer l’eau rapidement grâce à un sol très drainant, ce qu’il réussit au coût d’une végétation plus discrète.

Le jardin de pluie est le petit frère de la cellule de biorétention, qui fait le même travail, mais à plus petite échelle, en laissant plus de place aux végétaux de l’aménagement.
Le jardin de pluie, un équilibre précis
Le jardin de pluie est loin d’être une simple plate-bande. Son sol nécessite d’être assez perméable pour permettre à la pluie de s’infiltrer rapidement, tout en restant capable d’offrir aux plantes l’eau dont elles ont besoin pour survivre et croître. Les espèces de végétaux doivent également être sélectionnées avec soin, justement parce qu’elles doivent être à même de tolérer à la fois des inondations ponctuelles et des sécheresses occasionnées par le sol drainant. Par exemple, les plantes indigènes fréquentes sur les bords de rivières et dans les plaines inondables sont des bonnes candidates pour s’épanouir dans un jardin de pluie et assister à l’infiltration grâce à leur réseau racinaire bien développé (Yuan et al. 2017).
Pour bien tirer parti d’un jardin de pluie, il faut aussi s’assurer de rediriger l’eau qui s’accumule sur les toîts et dans les rues environnantes à l’aide de ruisseaux, de canaux et de gouttières. On doit bien calculer les quantités qu’on prévoit de recevoir pour éviter des débordements trop fréquents, et préparer un chemin de sortie pour le trop-plein en cas de pluies exceptionnelles.
Heureusement, tout ce travail ne sert pas uniquement à augmenter l’infiltration. Le sol par lequel passe l’eau de pluie permet aussi de filtrer et purifier celle-ci, la débarrassant de contaminants comme des hydrocarbures, des microplastiques ou des métaux lourds que contient le ruissellement urbain (Llopart-Mascaró et al. 2010, Corbett et al. 2024 et Jayalakshmamma et al. 2024). De plus, rien ne nous empêche de sélectionner les végétaux en ayant également les pollinisateurs en tête, de manière à offrir un jardin de pluie qui leur est bénéfique par son potentiel nectarifère et ses opportunités de nidification.
Un avenir plus résilient grâce aux jardins de pluie
Les infrastructures bleues-vertes, y compris le jardin de pluie, représentent des solutions polyvalentes aux problèmes d’infiltration et d’inondations des villes. Si on arrive à bien les répartir sur le territoire, on peut arriver à transformer nos municipalités en villes-éponges résilientes aux changements climatiques et restaurer un cycle de l’eau en harmonie avec le sol.
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