La pollinisation est une étape entrant dans le processus de reproduction des plantes à fleurs. Elle permet, en grande partie, d’assurer une biodiversité essentielle à notre écosystème et à notre nature.
Temps de lecture: 4 minutes.
La pollinisation correspond au transfert de pollen (qui contient les cellules reproductrices mâles) vers le stigmate (partie femelle) d’une fleur de la même espèce. Ce peut être au sein de la même fleur ou, plus souvent, vers une autre fleur, sur le même plant ou sur un autre plant. Ce processus permet la fertilisation des ovules, puis le développement des semences et des fruits. La pollinisation est donc essentielle à la reproduction de nombreuses plantes, pour ne pas dire de la majorité des plantes.
Puisque les plantes ne peuvent pas se déplacer, elles ont généralement besoin d’un coup de main pour faire voyager ce pollen. Certaines d’entre elles se servent de l’air ou de l’eau, mais l’aide la plus populaire provient des animaux, plus particulièrement des insectes. En effet, on compte parmi ces animaux qu’on nomme pollinisateurs non seulement les abeilles de toutes sortes, mais aussi les guêpes, les mouches, les coléoptères, les papillons (de jour et de nuit), et même certains oiseaux et mammifères comme les chauves-souris.
Au commencement
La pollinisation a beaucoup évolué depuis ses débuts, il y a plus de 150 millions d’années. Les premiers pollinisateurs auraient d’abord visité les fleurs en quête de pollen, une substance riche en protéines et autres nutriments. Alors qu’ils se nourrissaient, quelques grains se seraient accrochés à leur corps et auraient été transportés jusqu’à leur prochaine destination florale par un heureux accident. Ce n’est que plus tard que les fleurs ont développé de nombreuses stratégies pour s’attirer les faveurs de ces insectes.
Pourquoi la pollinisation est-elle si importante?
La pollinisation offre un vif avantage aux plantes; propager et mélanger ses gènes représente la meilleure stratégie de survie pour une espèce du point de vue de la sélection naturelle. Plus une espèce a de diversité génétique, plus grande est sa capacité d’adaptation pour surmonter les nombreux défis d’un environnement en constant changement.
La pollinisation par les animaux est souvent la stratégie la plus efficace parce qu’elle permet de faire voyager son pollen sur de longues distances tout en minimisant les pertes. Puisque les pollinisateurs ont tendance à se concentrer sur une sorte de fleur à la fois, ils amènent le pollen directement sur un stigmate réceptif. Pas surprenant alors qu’environ 80% des plantes à fleurs dépendent de la pollinisation par les animaux!
Qu’est-ce que la diversité génétique ? Au sein d’une même espèce, on trouve différents gènes qui résultent de mutations de l’ADN au fil des générations. Ainsi, chaque individu aura de petites différences. Chez les humains, ce sera par exemple le gène de la couleur des yeux ou de la taille. Certains gènes seront avantageux dans un environnement, et d’autres désavantageux.
S’attirer les faveurs des pollinisateurs
Motivées par ces bénéfices inestimables, les plantes ont adopté deux stratégies principales pour attirer l’attention des pollinisateurs. D’abord, elles ont développé le nectar, une substance riche en sucres produite exclusivement pour encourager la venue de visiteurs. Elles ont aussi développé les fleurs, avec toute une richesse de formes, de couleurs et d’odeurs pour capter l’œil et l’odorat, comme des panneaux publicitaires le long d’une autoroute.
Afin de se démarquer de la concurrence, plusieurs fleurs ont orienté leur évolution pour attirer certains types de pollinisateurs, développant des traits particulièrement attrayants pour ces derniers. Ainsi, les plantes visitées par des pollinisateurs nocturnes ont généralement de grandes fleurs pâles, en forme de trompette et très odorantes. Les fleurs qui sont pollinisées par les papillons et les colibris sont souvent rouges, mais celles pollinisées par les abeilles éviteront cette couleur puisque celles-ci ne la perçoivent pas. Les plantes qui comptent sur des mouches et des coléoptères nécrophages (qui se nourrissent de cadavres) émettront un parfum de charogne, plutôt que le doux parfum qu’on associe généralement aux fleurs. Le fait que différentes plantes partageant les mêmes pollinisateurs possèdent des caractéristiques similaires s’appelle le syndrome de pollinisation. Grâce à ce phénomène, on peut parfois deviner qui visite une espèce sans même l’avoir vu!
Quelques fleurs ont aussi développé d’autres stratégies qui, bien que moins répandues, n’en sont pas moins fascinantes. Certaines fleurs offrent (ou font semblant d’offrir!) un site propice à la ponte d’œufs. Des orchidées imitent l’apparence et les phéromones des femelles d’une espèce de pollinisateurs donnée, afin d’en appâter les mâles. D’autres, souvent situées dans des régions plus fraîches, produisent de la chaleur pour offrir un abri accueillant aux pollinisateurs.
Nous dans tout ça?
Bien que le détail de ces stratégies ne nous concerne pas au quotidien, la pollinisation, elle, nous concerne trois fois par jour et même plus. On estime que, dans nos assiettes, une bouchée sur trois dépend de la pollinisation. Des 1 400 plantes cultivées pour la consommation humaine, presque 80% sont pollinisées par des animaux. Dans certains cas, les pollinisateurs améliorent nettement les récoltes et dans d’autres, ils sont complètement indispensables. C’est notamment le cas du cacao, du kiwi, des melons et des citrouilles. Puisque la pollinisation permet la reproduction de la majorité des plantes composant les écosystèmes qui nous entourent, elle assure aussi leur survie et, par conséquent, celle de tous les organismes qui en dépendent, humains inclus. Ces écosystèmes nous offrent de nombreux services essentiels tels que la purification de l’eau et de l’air, la décomposition des matières organiques et la production d’oxygène.
Saviez-vous que…
Hanyuan, dans la région de Sichuan dans le Sud-Ouest de la Chine, est considéré comme la capitale mondiale de la production de poires, et est aussi un grand producteur de pommes. Autrefois une région riche en biodiversité, la destruction des habitats et l’utilisation intensive de pesticides a dramatiquement décimé les populations de pollinisateurs sauvages et a découragé les apiculteur.trice.s d’installer leurs ruches dans la région. Le problème est tel que, depuis les années 80, les producteur.trice.s dépendent de la pollinisation manuelle. Armé.e.s d’un pot rempli de pollen et d’un bâton de bambou orné de plumes, iels s’affairent à polliniser toutes les fleurs, une par une, à la main. Et iels doivent répéter leur geste jusqu’à 5 fois pour assurer la même qualité de pollinisation qu’une abeille.
Pour assurer la pérennité de nos systèmes alimentaires et des écosystèmes autour de nous, il est alors crucial et urgent de prendre soin de nos pollinisateurs et de leurs milieux de vie.
Pour aller plus loin – Découvrez comment nous poursuivons notre mission de protection des pollinisateurs en cliquant ici.